L’évolution du crowdfunding français ces dernières années

10 janvier 2022

L'energie en commun

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Selon une étude de l’association Financement Participatif France, 14,56% des Français ont connaissance du concept de financement participatif et 7% ont déjà contribué à un projet. Ils seraient 43% à être prêts à participer à une campagne participative d’ici cinq ans. Pourquoi les français sont-ils de plus en plus motivés à investir en crowdfunding ? Quelle a été l’évolution de la finance participative ces dernières années ?

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Une évolution dans l’offre de crowdfunding 

Le financement communautaire et participatif est né au XVIIIe siècle dans le domaine des actions de charité. Un des premiers projets financés par les français a été celui de la Statue de Liberté (lien article). Le financement participatif en France a ensuite progressé jusqu’à l’apparition de plateformes dédiées en 2008. En 2014, une ordonnance instituant le nouveau cadre du financement participatif a été adoptée. Son but était « de créer un cadre juridique adapté à ce nouveau mode de financement afin d’en assurer le développement dans des conditions juridiques sécurisées ainsi que d’offrir une protection des investisseurs ou des prêteurs ». 

Depuis, les acteurs se sont multipliés, offrant alors une large variété d’outils de financement à toute une diversité de porteurs de projet : don avec ou sans récompense, prêt rémunéré ou non, minibon, investissement en capital ou en royalties, émission d’obligations. 

Retrouvez à ce sujet notre article sur les différents types de crowdfunding.

Ouverture vers le marché international

Les principes de l’économie collaborative sont décrits comme des “modèles économiques fondés sur des réseaux d’individus et de communautés connectés qui transforment la façon de produire, consommer, financer et apprendre”.

Cette connexion se matérialise par une communauté en ligne, rendue possible grâce à l’explosion d’internet au début du XXI ème siècle. Ce réseau international, qui permet de supprimer les distances entre les pays, facilite les échanges internationaux. Ainsi, les investisseurs peuvent être des étrangers ou expartiés, à la recherche d’un placement riche de sens selon leurs critères, et non pas selon leur position géographique.

Les plateformes de crowdfunding sont plus flexibles que les mécanismes traditionnels de financement. Cette flexibilité découle d’abord de la possibilité de combiner différentes formes de soutien. Par exemple, avec des subventions de prêts, sous l’égide d’un système de financement, pour tous les types de secteurs et d’acteurs concernés. L’Estonie, la France, l’Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas sont les pays européens qui ont le meilleur positionnement pour accélérer l’utilisation du crowdfunding d’ici à 2027 . La France se situe en tête de ce classement.

Ces pays partagent les caractéristiques d’avoir un marché de financement participatif à rendement financier très développé. Les opérateurs de plateforme étant agréés selon un cadre sur mesure propre au régime de financement participatif.

Un outil participatif en termes de financement, apprentissage et économie éthique

Les plateformes de financement participatif ont aussi l’avantage d’être facile d’utilisation, autant pour les investisseurs que pour les porteurs de projets. Elles proposent quasi-automatiquement l’animation de leur communauté de contributeurs. Elles sont aussi une source d’apprentissage personnel : les investisseurs peuvent suivre de nombreux experts, portes-parole ou blogs qui enrichissent leurs connaissances personnelles. 

Certaines plateformes peuvent également proposer une pré-sélection des projets les plus prometteurs par le biais de sondages. Cela permet de tester le concept entre les consommateurs avant de mettre le projet en ligne. Dans ce cas, on parle d’économie de la fonctionnalité. L’investisseur prend en charge sa consommation et le placement de son argent.

La démocratisation du crowdfunding : vers la fin du monopole bancaire

Après la crise financière de 2008, les nouvelles réglementations qui en ont découlé ont induit une diminution des volumes de prêts aux entreprises. Cela a également modifié les priorités des entrepreneurs : le crowdfunding à joué un rôle important pour aider les entreprises qui peinent à convaincre les banques de leur faire confiance. La rapidité de cet outil est un avantage incontestable. Grâce à l’automatisation de ces tâches, un prêt est traité complètement à distance et beaucoup plus rapidement que dans les banques ordinaires.

En même temps, le crowdfunding démocratise l’expérience d’investissement. Le financement participatif implique en effet tous les acteurs économiques, à hauteur de leurs moyens. Auparavant le domaine de finance était réservé à une catégorie d’investisseurs professionnels ou familiers des placements à risque. Aujourd’hui, les plateformes de financement participatif s’adressent aux épargnants et contribuables français qui souhaitent s’impliquer dans l’économie réelle, ainsi ils peuvent profiter de placements à haut rendement à partir de 20€.

Sur la plupart des plateformes de crowdfunding, les contributeurs sont des particuliers, des entreprises, des associations ou encore des collectivités locales et territoriales. Les montants maximums des contributions sont variables d’une plate-forme à l’autre. Même si toutes les plateformes ne proposent pas de possibilités de bénéfices, les taux de rendement des projets sont généralement bien plus élevés que les taux des produits bancaires les plus populaires. Chaque contributeur a le choix et peut, tant que le projet n’est pas clos, augmenter ou diminuer sa contribution.

Des intérêts évolutifs pour les investisseurs : vers une économie de partage

Grâce à l’accès facilité vers ces nouveaux investissements et aux formations en ligne, on assiste aujourd’hui à une réciprocité élargie qui ne se limite pas aux seuls flux financiers. Le temps passé par l’investisseur à examiner les projets n’est plus uniquement dédié à la recherche de profit, les investisseurs s’intéressent également à la valeur du produit. La priorité du consommateur a évolué vers des investissements plus éthiques. En une décennie, la définition initiale du crowdfunding a évolué. Celle qui mettait en avant la transformation des façons de produire, consommer, financer et apprendre, tend aujourd’hui vers une réflexion globale plus éthique, autour de l’économie de partage.

L’économie du don est le deuxième support de l’économie collaborative. Selon FPF, en 2020 218,5 millions d’euros ont été collectés, dont 52 millions à destination de projets humanitaires et solidaires. Durant le confinement de mars 2020, des élans de générosité et de mobilisation des citoyens via les plateformes de crowdfunding sans précédents ont été constatés. Alors que la moyenne des dons sans récompense était de 93€ en 2019, elle se situait à 249€ en moyenne en 2020.

Sources : Massé et al., 2015, p. 5 citant Botsman

Ecoutez l’épisode de notre podcast au sujet de l’évolution du Crowdfunding français